Georges D. MBONDO
es équipes de recherche de la
BEAC ont récemment mis en
garde contre un risque de plus
en plus élevé de surendettement
des économies de la CEMAC, risque
qui hypothèquerait les possibilités de
financement pour l’émergence. Si un
tel risque est quasi permanent dans
des économies pauvres sortant de
surcroît des programmes de l’IPPTE, la
conscience de la conduite des écono-
mies vers l’émergence devrait inciter à
explorer des mécanismes permettant
d’éviter des goulots d’étranglement
financiers, potentiellement fatals. Ainsi,
répondre à la question de savoir si
le financement des économies de la
CEMAC pour l’émergence est hypo-
théqué amène à revisiter les besoins
structurels des économies dans le
sentier de l’émergence d’une part
(1), et les sources possibles desdits
financements et les risques encourus
dans leurs usages d’autre part (2).
1/ Les besoins structurels de
financements dans le sentier de
l’émergence
Il convient de se rappeler d’abord que l’émer-
gence économique ne peut se comprendre
en dehors des processus de développement
économique. En effet, Si le développement
correspond à un processus cumulatif de long
terme, l’émergence renvoie à un moment
particulier de ce processus, qui correspond
quant à lui à l’affirmation d’une séquence de
croissance significative débouchant sur une
croissance soutenue et longue. L’émergence
économique décrit de ce fait une rupture,
une séquence historique et identifiable de
sortie du piège de sous-développement.
Les économistes pensent notamment que
le développement combine croissance plus
transformation, cette dernière se manifestant
de manière caricaturale par quatre choses:
une amélioration des performances des
facteurs de production, une densification
et une modernisation du réseau infrastruc-
turel, un développement des institutions et
un changement des attitudes et valeurs en
matière de production et de gestion. Dans ce
contexte, l’émergence se présente comme
une période où «l’échelle d’activité écono-
mique productive atteint un niveau critique
et produit des changements qualitatifs qui
mènent à une transformation structurelle
massive et progressive dans l’économie et
la société». Cela s’exprime par une hausse
du taux d’investissement productif, passant,
selon certains experts de 15% à 40% du PIB,
le développement d’un ou plusieurs sec-
teurs manufacturiers avec un rythme de
croissance élevé, l’apparition ou l’essor d’un
système politique, social et institutionnel de
nature à entretenir la dynamique de progrès.
C’est ce qui explique que la Commission
Economique pour l’Afrique insiste sur la
transformation structurelle en tant que
modification de la composition sectorielle
du produit intérieur brut, la part du secteur
primaire en termes d’emploi et de pro-
duction allant à l’industrie et à des services
modernes, du fait des investissements dans
des activités à haute valeur ajoutée, dans
le capital humain, dans les infrastructures
et chaînes logistiques, la libéralisation du
commerce, l’ouverture financière et l’inté-
gration économique régionale. L’essentiel
de ces transformations est du ressort de
l’Etat dont le devoir est de créer un cadre
propice et incitatif de l’activité privée. C’est cet ambition qui, selon les analystes de la
BEAC, comporte un besoin structurel de
financement de 29 milliards $ sur les trois
prochaines années, quasiment impossible
à dégager, hypothéquant ainsi l’atteinte de
l’émergence aux horizons retenus jusqu’alors
dans les diverses économies de la CEMAC.
2/ Les sources possibles de
financement et les risques
actuels
Pourtant l’analyse macroéconomique
propose comme sources de financement
des économies: les recettes extérieures et
fiscales; l’endettement extérieur à travers
les organismes monétaires et financiers
internationaux et les marchés internatio-
naux de capitaux; l’endettement intérieur
à travers le système bancaire et les marchés financiers locaux; les investissements directs
étrangers (IDE) et les partenariats publics
privés. Le problème, c’est que toutes ces
sources semblent présenter aujourd’hui de
nombreux risques auxquels seul le Cameroun,
dans cette sous région, pourrait résister.
Sur le plan extérieur, l’endettement de la sous
région semble avoir sérieusement du volume
alors que les capacités de remboursement
font face aux turbulences des marchés in-
ternationaux. En effet, les analystes du FMI
présentent ainsi la situation d’endettement
extérieur de la CEMAC entre 2014 et 2016
(figure ci-dessous)
Tandis que l’estimation des pourcentages
des déficits budgétaires par rapport au PIB
hors pétrole pour la période allant de 2014
à 2021 se présentent tel que dans le gra-
phique suivant:
Il en résulte que la capacité des états à faire ace à cet endettement devient problématique,
surtout dans des économies où le pétrole
est la principale, sinon l’unique source de
financement du développement. Par ailleurs,
il est notoire que le mécanisme d’assistance
du FMI s’accompagne de conditionnalités
financières (taux moyen de 4%) et surtout
structurelles, qui passent difficilement dans les
économies africaines. Dans un tel contexte,
on croit faire recours au marché international
des capitaux, comme solution au besoin de
financement. Pourtant, même à ce niveau,
on n’est pas sorti de l’auberge. En effet, on
peut observé que l’évolution des taux de
rendement dans le portefeuille d’obligations
souveraines africaines n’a pas été favorable
ces derniers mois, avec la chute des rende-
ments l’emprunt souverain du Cameroun
contracté à 9,5% et à éch&eac...
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