En 2013, le Cameroun est officiellement entré en guerre contre la nébuleuse terroriste Boko Haram, qui se voulait être un démembrement de l’Etat islamique au Sahel. En outre, depuis 2016, le pays connaît des soubresauts sociaux plus ou moins violents dans les régions du Nord-ouest et du Sud-ouest, du fait de la crise anglophone. Par ailleurs, le pays est entouré de voisins dont les situations politico-institutionnelles sont loin d’être stables et sereines. Ce qui impacte sur les mouvements de populations et la stabilité à ses frontières. Ce contexte sécuritaire tendu et incertain a des répercussions sur la politique économique du pays et tout particulièrement sur l’allocation des ressources nationales. Le but de ce papier est d’analyser comment gérer les dépenses militaires dans un contexte d’incertitude sécuritaire combiné au souci de développement socioéconomique. En d’autres termes, comment un pays en développement doit-il répondre aux besoins sociaux de ses populations, aux impératives d’émergence économique, en même temps qu’il doit faire face aux attaques de groupes plus ou moins organisés qui menacent l’intégrité du territoire ?
Politique de sécurité et politique de défense
La défense et la sécurité, qui comptent parmi les grands défis de ce 21ème siècle, sont deux notions connexes, en ce qu’elles rassemblent la politique d’un gouvernement pour obtenir, sauvegarder et maintenir la paix sur son territoire. Néanmoins, elles revêtent certaines spécificités. Ainsi, la politique de sécurité nationale englobe toutes les stratégies internes d’un Etat afin d’établir ou de rétablir la paix et de la préserver dans son territoire, de garantir aux gouvernés les moyens de vivre, travailler, investir et faire des projets sereinement. La politique de défense, quant à elle, désigne les stratégies politiques et les moyens militaires d’un pays pour assurer la protection de son territoire et de ses habitants d’une agression externe, c’est-à-dire la protection de l’intégrité territoriale contre les menaces extérieures.
Ainsi, défense et sécurité regroupent les dispositions diplomatiques et légales, les ressources humaines et budgétaires, les équipements militaires qui permettent aux citoyens d’une nation de vivre et de cohabiter en paix dans leur territoire et dans leur région.
Défis sécuritaires et nouvelles menaces à la paix
Dès la fin des années 1990, l’actualité nous a permis de voir éclore de nouvelles formes de conflictualités. En réalité, ce sont les attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis qui ont fait prendre conscience de la mutation de la menace sécuritaire et du nouveau contexte géopolitique mondial. Traditionnellement, l’idée de sécurité et de défense était intimement liée à celle de l’Etat. Mais cette sécurité nationale est maintenant tournée vers la sécurité humaine, c’est-à-dire vers l’individu et la collectivité. C’est une nouvelle approche devenue incontournable dans la mesure où les civils sont malheureusement devenus la proie des conflits et les premières victimes. Certains analystes ont alors parlé d’un visage contemporain de la violence armée en distinguant les guerres nouvelles – de l’ère de la mondialisation – aux guerres dites anciennes. L’insécurité est devenue plus proche des individus, et moins centrée sur l’Etat. Elle est plus quotidienne, plus imprévisible et donc plus dangereuse.
Définition et formes des dépenses militaires
L’analyse des dépenses militaires ramène souvent à traiter des aspects stratégiques, politiques et sécuritaires. Le volet économique n’y est pas relevé de prime abord. En effet, le caractère délicat du sujet en fait une pente critique où très peu d’économistes s’engagent. Les informations qui y ont trait sont, la plupart du temps, classées dans le registre du « secret défense ». Pourtant, les dépenses militaires constituent une branche du budget national ayant des effets sur l’économie au même titre que les autres dépenses gouvernementales.
De manière générale, les dépenses militaires comprennent :
- Les dépenses directes, dont le but est principalement d’assurer les frais de fonctionnement des forces armées ; leur équipement en produits de haute technologie dans le domaine de la défense, l’entretien des effectifs et le financement des programmes de recherche militaire ;
- Les dépenses indirectes, ainsi dénommées car n’étant pas liées directement à l’entretien du potentiel de combat, mais qui en influencent la formation. Il s’agit des dépenses de remboursement de la dette, les frais des opérations humanitaires et la réparation des dommages de la guerre, les indemnités versées aux familles des militaires morts au cours des opérations de maintien de la paix ;
- Les dépenses cachées de défense, liées aux programmes des organisations civiles étant en relation avec les programmes de sécurité et de défense ;
les dépenses de projets d’infrastructure, le choix des fournisseurs de l’armée par le système des commandes publiques.
Cette structure des dépenses militaires est globale ; toutefois, les proportions allouées à l’une ou l’autre rubrique varient d’un pays à l’autre. On comprend néanmoins que les dépenses militaires sont une é...
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