Dr. Ariel Ngnitedem, économiste.
Une récente note du ministère en charge de l’Economie indique que la demande de ciment a augmenté de 10% avec la mise en oeuvre des grands projets infrastructurels. La production actuelle de ciment estelle en mesure de soutenir la cadence ?
Oui, la production actuelle de ciment est en mesure de soutenir le rythme de consommation vu que le Cameroun exporte aujourd’hui d’importantes quantités de ciment. Si on exporte ce produit, cela signifie qu’on en produit suffisamment pour couvrir les besoins du marché intérieur. Le différentiel entre ce qui est importé et ce qui est exporté est positif. Cela signifie que c’est l’excédent de production qui est exporté. Ceci dit, la production est suffisante pour le marché local, mais peut être améliorée pour approvisionner la sous-région. Les opérateurs économiques se bousculent dans ce secteur parce que le Cameroun est une bonne destination, du moins, sur ce plan. Pour l’heure, il y a de quoi combler la demande locale. Mais la question qui se pose est celle de savoir si la demande va s’accroître dans les années à venir. Il n’est pas évident de l’affirmer parce qu’une fois que le Cameroun aura terminé les préparatifs en vue de l’organisation de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) 2019, notamment la construction des infrastructures sportives, nous ne distinguons pas d’autres projets d’envergure qui vont nécessairement booster la demande en ciment. Il faudra compter sur une croissance économique projetée autour de 5,5% pour voir la demande s’accroître. En réalité, il faudra plutôt se tourner vers l’alimentation des marchés de la sous-région et de notre grand voisin, le Nigeria.
Quatre entreprises se partagent actuellement le marché du ciment avec une production annuelle de 4,2 millions de tonnes. Estimez-vous ce marché suffisamment concurrentiel ?
Non. L’Etat devrait se retirer du marché du ciment. Il intervient dans ce secteur à travers l’opérateur classique Cimenteries du Cameroun (Cimencam). Il faudrait qu’il se retire afin de laisser le marché définir les prix. En général, l’Etat intervient dans un secteur pour rétablir l’équité. Or, on se rend compte que le domaine est rentable et que l’Etat n’a pas à soutenir une entreprise dans ce secteur puisque les sociétés privées qui y évoluent s’en sortent très bien. Le retrait de l’Etat favorisera la compétition et le consommateur pourra bénéficier d’une baisse des prix. Ces dernières années, on a observé des mutations très importantes dans la filière cimenterie au Cameroun avec de nouveaux acteurs et une convoitise des multinationales africaines. Une politique économique dynamique devrait suivre pour répondre aux mutations observées dans les secteurs. Comment faire émerger une solide industrie locale à l’heure où les cimenteries étrangères quadrillent le marché ? Il est vrai que l’Etat peut se retirer du secteur, mais dans le même temps, soutenir les sociétés camerounaises qui y évoluent pour en faire des championnes dans le domaine. Ce soutien passe par la mise en place d’incitations fiscales et d’autres mécanismes de promotion des champions d’industrie.
Le volume des importations de ciment au Cameroun a dégringolé ces sept dernières années, passant de 5,1 millions de tonnes en 2010 à 1282 tonnes en 2017. Quels bénéfices pour l&rsquo...
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