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Ciment : comme un grain de sable dans le circuit

C omme en témoigne l’actualité de ces derniers jours, le marché du ciment est plus que jamais vivant au Cameroun. Il y a quelques semaines, autour du ministre du Commerce, les producteurs de ciment s’étaient réunis à Douala, pour trouver une parade à la menace d’inflation qui plane sur la structure des prix de la précieuse poudre. Les effets combinés de la crise sanitaire du covid-19 et de la montée des coûts des matières premières à l’importation, le clinker en l’occurrence, sont les facteurs évoqués pour justifier la menace… Bienheureusement, entre gens de bonne moralité, un accord a été trouvé, pour éviter l’escalade tant redoutée des prix. Ceci pouvant concourir à cela, quelques jours plus tard, le Premier ministre, chef du gouvernement, Joseph Dion Ngute, posait la première pierre d’une nouvelle ligne de production à la cimenterie de Figuil, dans la région du Nord. L’initiative est de l’entreprise pionnière dans le secteur au Cameroun, et se chiffre à 50 milliards de F d’investissement. Ce genre d’initiative n’est pas nouveau. Il y a trois ans déjà, en 2018, les quatre principales entreprises productrices de ciment au Cameroun (Cimencam, Dangoté Cement, Medcem et Cimaf) avaient annoncé chacune un plan d’extension. A cette époque, le challenge était de répondre à une hausse de la demande nationale, de l’ordre de 10%. Selon les projections du ministère de l’Economie, de la Planification et de l’Aménagement du territoire, si la situation devait perdurer ou s’accentuer du fait des projets structurants en cours de mise en œuvre et des nombreux chantiers d’infrastructures à travers le pays, cette demande pourrait très vite passer d’environ 3 millions à 8 millions de tonnes par an. En 2018, la production nationale, elle, se situait autour de 4,2 millions de tonnes. Sur la base de ces indicateurs de marché, l’on comprend bien mieux le déploiement des industriels du secteur, qui doivent pouvoir se mettre à niveau d’une des lois les plus triviales de l’économie de marché : l’équilibre offre/ demande. Seulement, sur le circuit du ciment au Cameroun, certains esprits moins avenants ont flairé les opportunités à leur côté pervers : la spéculation et la surenchère. Le principal mis en cause étant le circuit de distribution où, comme des grains de sable dans un engrainage, des opérateurs véreux se sont glissés subrepticement. Les effets de leur activité se déclinent en une grosse incongruité : alors que la production suit plutôt bien l’évolution de la demande, au point que les importations sont tombées à leur portion la plus congrue ; alors que l’offre s’est diversifiée et que le réseau de distribution s’est densifié jusqu’à couvrir les zones les plus reculé...

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