Comment analysez-vous l’activité de prêts auprès des tontines et des mutuelles ?
Les tontines et mutuelles constituent un cadre auto-organisationnel de micro financement dans un environnent économique de dualisme financier à prédominance informel. Il s’agit d’un système de micro épargne et de micro financement dans lequel les membres se constituent sur la base de la confiance mutuelle et des relations personnelles. L’activité des mutuelles et des tontines s’inscrit donc dans le cadre de l’économie sociale et solidaire dont la finalité est la lutte contre la pauvreté. De ce point de vue, les tontines contribuent autant que faire se peut à aider les populations à réaliser des microprojets. Toutefois, les ressources qu’elles drainent ne permettent pas de réaliser des investissements significatifs.
Quelles sont les forces et faiblesses de ce mode de financement ?
Il s’agit d’un véritable dilemme car d’une part, ce mode de financement trouve ses forces dans les opportunités qu’il offre aux populations cibles et le fait qu’il soit adapté à leurs besoins, et d’autre part, ses faiblesses sont endogènes à sa structuration et à la vulnérabilité desdites populations. S’agissant des forces, ce mode de financement a le mérite de permettre l’accessibilité aux possibilités d’épargne et de financement des populations exclues du système financier formel. Ce qui permet à ces derniers de financer des microprojets générateurs de revenus, de s’assurer une résilience face aux chocs microéconomiques, et partant, une reproduction durable de leur autonomie sociale. Aussi, le mode de financement par l’intermédiaire des tontines et mutuelles participe à l’éducation financière des populations qui, éventuellement, démystifieraient les offres de services et produits du système financier formel. De plus, ce mode de financement a comme atout majeur une quasi réduction de l’asymétrie d’informations car chaque membre à une bonne connaissance de l’autre. Au sujet des faiblesses, nous faisons d’abord référence aux faiblesses endogènes : ces financements reposent sur la base de la simple confiance entre les membres, sans mécanismes institutionnels de contrôle, ce qui est source de vulnérabilités. Aussi, les populations cibles appartiennent-elles, pour la plupart, à la couche de la population la plus défavorisée et donc la plus vulnérable aux chocs aussi bien macroéconomiques que microéconomiques.
Les flux financiers issus de ces organisations peuventils constituer une alternative sérieuse aux prêts bancaires ?
Nous y voyons plutôt un tremplin pour l’offre de service bancaire. Il s’agit d’u...
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