C omment peut-on être à côté de la première puissance économique du continent africain et ne pas tirer profit de son marché alors qu’on dispose d’importantes ressources naturelles et d’avantages comparatifs réels ? Comment expliquer qu’aujourd’hui le Cameroun n’arrive pas à capitaliser sa proximité, sa position géographique et stratégique avec le géant nigérian ? Pourquoi les relations commerciales sont-elles toujours à l’avantage du voisin ouest-africain ? Que faut-il faire pour changer la donne ? Ces préoccupations sont légitimes et taraudent les esprits de ceux qui veulent que les lignes bougent, que la balance de paiements entre les deux pays change à l’avantage de notre pays. Le Nigeria est un grand marché de 200 millions de consommateurs potentiels à nourrir, à vêtir… Le Cameroun compte 30 millions d’habitants et dispose des terres fertiles, jouit de facteurs climatiques des plus favorables : quatre aires agro-écologiques propices aux cultures vivrières et de rente, une pluviométrie abondante, des effets du changement climatique moins ressentis… Autant d’atouts naturels qui devraient positionner notre pays comme la mamelle nourricière du Nigeria. Au lieu de cela, c’est le contraire des choses que l’on observe.
Aussi paradoxal que cela puisse paraître, le Nigeria nourrit le Cameroun, inonde son voisin de ses produits... Des tonnes et des tonnes de produits alimentaires, manufacturés, pétroliers sont déversées sur le marché camerounais à longueur de journée. Et chaque année, les importations prennent du volume, au point que le Nigeria s’est hissé au rang des premiers partenaires économiques de notre pays. Il n’est pas normal qu’on dépende à ce point du Nigeria. C’est plutôt le Cameroun qui devrait inonder le marché nigérian.
Aujourd’hui, quels sont les produits que nous importons du Nigeria ? Sommes-nous obligés de les importer en quantités industrielles ? Pourquoi ne produisons-nous pas en quantités suffisantes ces produits et biens importés ? Prenons le riz que nous produisons à Yagoua et Maga, et même dans la partie méridionale du pays (Centre avec le riz pluvial, dans la plaine du Mbo dans le Littoral et dans la région du Sud-Ouest…), cette céréale se retrouve sur le marché après s’être blanchie, transformée par notre géant voisin.. Il y a un paradoxe dans la mesure où la production nationale du riz n’est pas clairement quantifiée. Et une bonne partie du riz de la Semry est vendue sous forme paddy non décortiqué au Nigeria par les riziculteurs locaux, pourtant encadrés et financés par les pouvoirs publics. C’est une curiosité qui n’a pas de raison d’être. Le riz pad...
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