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« Les ressources humaines constituent le premier défi des collectivités »

Flaubert Djateng, coordonnateur Zenü Network, expert en décentralisation et gouvernance locale.

Le chef de l’Etat vient d’annoncer la création de 600 000 emplois par an avec l’implication des collectivités territoriales décentralisées (CTD). Quelles sont les niches d’emplois qui peuvent être explorées par les conseils régionaux ?

Nous sommes dans un pays en développement où tous les secteurs sont à développer. En plus, notre pays possède toutes les zones agro-écologiques de l’Afrique et par conséquent dispose d’un potentiel énorme en ce qui concerne les emplois. Ceci dit, quand on parle de l’emploi jeune, il s’agit d’un emploi qui permet à un jeune d’avoir une vie stable, c’est-à-dire fonder une famille et vivre sereinement. Selon le Groupement inter-patronal du Cameroun, 100 000 nouveaux demandeurs d’emploi arrivent chaque année sur le marché du travail. Quand nous observons le niveau de formation des jeunes de notre pays, nous constatons que la majorité des jeunes sont des diplômés sans réelle qualification professionnelle. Avec ce constat, pour répondre à l’emploi jeune, les régions seront obligées de se limiter au secteur primaire, notamment l’agriculture et l’élevage. Au premier regard, les rendements sont faibles et les pertes après récoltes sont estimées à plus de 40% par le Minader. Le potentiel agroindustriel est sous développé. Les régions gagneraient à valoriser les initiatives de transformations existantes et présentées sous le label « Made in Cameroun ». Il faut aussi mentionner que le Cameroun est très beau, mais peu exploité sur le plan touristique. Pourtant le rapport sur le développement économique au Cameroun (RADEC) de 2020 parle de 941 sites touristiques en 2019. Les collectivités territoriales décentralisées, ont la responsabilité de développer et valoriser le potentiel touristique du Cameroun. On pourrait aussi mentionner le secteur de la communication, comme une niche potentiellement prospère en ces moments où le digital a fait son entrée dans la vie des ménages.

Plusieurs acteurs sociaux en général et la société civile en particulier, mettent l’accent sur le fait que la décentralisation doit s’accompagner du transfert des ressources, surtout financières et humaines. Est-ce là une opportunité pour combler le déficit des ressources humaines ?

Si les jeunes étaient bien formés aux métiers des CTD, ce serait une aubaine pour eux, car voyez-vous, ce sont 10 régions, 14 mairies de villes et 360 communes. Sous le couvert de la loi 2019/024 de décembre 2019, plus d’une centaine de compétences sont transférées aux régions et aux communes dans divers domaines de la vie socioéconomique. Malheureusement ce n’est que depuis quelques années seulement que nos universités offrent des filières avec comme thème principal, la décentralisation et la gouvernance locale. L’opérationnalisation de la décentralisation demande que les CTD se dotent de moyens conséquents pour promouvoir le développement économique de leur territoire. Cela passe par la réalisation des plans de développement qui valorisent le potentiel de leurs territoires, la conception d’une stratégie qui mobilise tous les facteurs et les acteurs utiles et enfin d’une politique de mobilisation des ressources financières au profit de la collectivité. A ce jour, les ressources qu’utilisent les collectivités sont à plus de 80% adossés à des dispositifs mis en place par le gouvernement.

L’article 22 (1) du Code général des collectivités territoriales décentralisées, précise que les CTD recrutent et gèrent librement le personnel nécessaire à l’accomplissement de leurs missions, conformément à la législation et à la règlementation en vigueur. Comment cela peut être implémenté dans la pratique ?

Le titre 1 de ce même code porte sur la libre administration des CTD. L’article 22 vient tout simplement préciser cette libre administration au niveau des ressources humaines. Les ressources humaines constituent aujourd’hui le premier défi des collectivités, car sans des ressources humaines de qualité, la performance dans la gestion des compétences transférées sera compromise. Les collectivités doivent disposer d’une politique de gestion prévisionnelle des effectifs nécessaires, ceci en relation avec les compétences transférées. Les organes de gestion des CTD doivent adopter des organigrammes, déterminer des profils de postes et se doter des plans de recrutement. Pour plus de qualité, les collectivités doivent également avoir des plans de formation.

Avec des lignes budgétaires qu’ils disent serrées, comment les conseils régionaux qui sont plus attendus sur le terrain des réalisations peuvent-elles man&oeli...

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