Charles Etoundi, analyste des marchés financiers.
Depuis quelques jours, la BVMAC présente des offres d’achat de titres en bourse sur les plateformes numériques. Comment appréciez-vous cette démarche ?
Les marchés financiers au niveau mondial doivent leur prestige à l’essor des technologies de l’information et de la communication. La totalité des places boursières a de nos jours abandonné la cotation à la crié ou par boite, au profit de la cotation électronique à laquelle l’industrie des plateformes est venue donner une dynamique particulière. Le fait que la bourse communautaire BVMAC soit passée à une publication des ordres sur les plateformes est tout simplement un rattrapage de quelque chose qui aurait dû être fait depuis le début. La finance elle-même de manière générale s’oriente vers le tout numérique. Un marché financier ne saurait être en marge de ce mouvement. Cela devrait conduire à l’exploitation de la bourse en ligne et l’exercice du métier de broker. C’est donc une démarche louable dont pourrait être crédité la nouvelle équipe à la tête du marché depuis janvier 2022. Quel est l’objectif visé ? Le principal et légitime objectif est bien la visibilité de l’activité du marché et de ses produits. La BVMAC se substitue là aux sociétés de bourse qui communiquent très peu sur les produits du marché à savoir, les valeurs mobilières. On devrait pourtant trouver dans les agences des banques, des téléscripteurs qui affichent les titres (actions et obligations) disponibles sur le marché, ou encore des prospectus distribués au public. C’est donc une action en direction de l’ensemble des acteurs, du grand public et davantage des investisseurs.
Cette démarche est-elle de nature à augmenter l’éducation et la culture boursières dans la sous-région ? Si oui, en quoi ?
La démarche a ici tout le sens d’une sensibilisation ou d’une action de communication. Cependant, elle est insuffisante pour parler d’éducation ou de culture boursière. La simple annonce des titres en vente ne dit pas comment mener un investissement en bourse. Le marché financier est un écosystème qui combine à la fois complexité et rapidité dans les opérations. La culture boursière a besoin de formations spécifiques au moins à trois niveaux les cadres pour les entreprises de prestation de service d’investissement, les entreprises émettrices et le grand public d’investisseurs.
Quelles sont les retombées possibles en termes de développement du marché financier unifié ?
La fusion des marchés financiers en Afrique centrale a l’avantage de bénéficier d’un espace plus large permettant une mobilisation de l’épargne locale. Mutualiser la formation du capital est un avantage pour les économies qui peuvent de cette manière, obtenir plus de financements directs sur cet espace commun. Quand on sait que, qui dit formation du capital dit profit, l’unification du marché empêche les sorties de fonds hors de l’espace, ce qui aurait été le cas si les investis...
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