L a banane dessert du Cameroun, troisième produit d’exportation après le pétrole et le bois, est à la croisée des chemins. La timide reprise de production observée au niveau local (198 634 tonnes en 2021 contre 187 884 t en 2020) est fortement contrariée à l’international par la baisse historique des prix sur le marché européen, jamais enregistrée depuis dix ans aujourd’hui. Cette situation est due au fait qu’il y a une surabondance des bananes latino-américaines sur le marché de l’Union européenne qui absorbe 98% de notre production nationale de banane. Seuls les 2% représentant les rebuts de cette production sont écoulés sur le marché local.
Autant préciser que le Cameroun dispose de deux segments de production de banane douce. D’une part, la production agro-industrielle portée par les trois grandes entreprises du secteur, à savoir les Plantations du Haut Penja (PHP), filiale camerounaise de la Compagnie fruitière de Marseille, Boh Plantations Limited (BPL), détenant exclusivement des capitaux privés camerounais et la Cameroon Development Corporation (CDC), propriété de l’Etat du Cameroun. Ces entités sont reparties dans trois grands bassins de production dans les départements du Fako (région du SudOuest), de l’Océan (le Sud) et du Moungo (Littoral). Depuis le déclenchement de la crise anglophone en 2016, la production de la CDC a décliné considérablement. Cette insécurité a porté un coup fatal à la filière qui a enregistré une baisse de production annuelle de plus de 100 000 tonnes depuis 2016. D’autre part, il y a une production paysanne, plus importante et disséminée dans la partie méridionale du pays, à travers des milliers d’exploitations agricoles. Cette production oscille entre 400 000 et 500 000 t par an. Elle est destinée à la consommation nationale et sous régionale.
Dans un contexte marqué par la hausse des prix des intrants tels que les engrais et les produits phytosanitaires, doublée de l’augmentation des coûts de transport, la banane camerounaise peut-elle concurrencer la « banane dollar » des géants latino-américains ? Comment être compétitif sur le marché européen alors que le prix de la caisse de 18,2 kg de banane est tombé à moins de dix euros ? Comment relever le déf...
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