L es données disponibles sur les mobiliers importés sont alarmantes pour l’économie nationale. Ces importations massives font perdre 60 milliards de F à l’Etat du Cameroun, chaque année. Les recettes fiscales volatilisées du fait de cette pratique, estimées à 10 milliards de F. La situation perdure depuis quelques années. On continue d’exporter les bois en grumes. En attendant que la donne change le 1er janvier 2023, date fixée pour interdire ces exportations. La saignée n’a que trop duré et ça craint de ne pas s’arrêter. Comment comprendre que le Cameroun, classé deuxième massif forestier de l’Afrique centrale, soit contraint d’importer à ce point des meubles, au fil des ans, sans s’en inquiéter, ni se donner les moyens de mettre un terme à cette pratique ? Et quelle qualité de mobiliers importons-nous des pays qui achètent du bois de chez nous ? Comment continuer à accepter ce tour de passe-passe qui grève notre balance commerciale et qui nous fait refiler des meubles souvent fabriqués avec des rebuts de bois ? Pourquoi exporter tant de volume bois à l’état brut vers l’extérieur alors que le sous-emploi et le chômage des jeunes font rage chez nous ? Comment pouvons-nous prétendre au développement local, si nous ne valorisons pas localement nos ressources naturelles comme le bois ? L’urgence est de transformer localement notre bois. Deux points devraient guider la voie de sortie de la dépendance mobilière.
La première démarche est d’amener les acteurs publics et privés du sous-secteur bois à respecter l’ensemble de textes en vigueur. Les dispositifs réglementaires préconisent que l’administration publique soit équipée d’au moins 40% de mobiliers produits localement. Le gouvernement a aussi pris un train de mesures pour améliorer la contribution du sous-secteur bois à l’économie nationale : elle devait passer de 4% en 2012 à 20% au moins à l’horizon 2020. Mais cet objectif qui à la portée des acteurs, n’a jamais été atteint. Pourtant, le sous-secteur devrait faire gagner des points de croissance à l’économie nationale. Selon une étude du Centre pour l’Environnement et le Développement (CED), la première transformation du bois qui concerne les activités de sciage, de déroulage, de tranchage pourrait à elle seule générer plus de 55 000 emplois directs au Cameroun. L’apport de la deuxième et de la troisième transformation serait encore plus consistant. Mais, la troisième transformation englobant la menuiserie, l’ameublement, la parqueterie et l’ébénisterie reste encore embryonnaire. Sur près de 200 unités de transformation locale recensées sur l’ensemble du territoire, seule une dizaine procède &agra...
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