C’est une rentrée à grands frais que les ménages camerounais se préparent à vivre dans moins de trois semaines, le 5 septembre prochain. Cet événement incontournable arrive à grands pas dans un contexte marqué par le renchérissement du coût de la vie, en grande partie, dû aux facteurs exogènes : les crises sanitaires, sécuritaires et la guerre en Ukraine. Du coup, l’inflation est galopante. Les établissements privés ont revu à la hausse les frais de scolarité exigibles dès les premiers jours de classe. Les prix des tenues et autres fournitures scolaires ont explosé dans les marchés. Que serait alors une rentrée sans les manuels et livres scolaires, outil de travail et d’apprentissage, très souvent indisponibles à temps ? Probablement, parcequ’ils seraient fabriqués, en partie ailleurs, hors de nos frontières ? En tout cas, le gros du business de la rentrée tourne autour des manuels scolaires. Sans nul doute, parce que le marché des livres et cahiers est le plus important, le plus consistant. Trois acteurs essentiels se partagent le juteux marché des livres, estimé à plus de 600 milliards de F par an : éditeurs, imprimeurs et libraires. Chaque maillon de la chaîne tient à sa quote-part.
Le livre, faut-il le rappeler, représente un enjeu économique et stratégique de grande importance. Il est indispensable aussi bien à l’apprenant qu’à l’enseignant. Ces dernières années, le gouvernement a pris des mesures fortes pour rendre accessibles les livres à moindre coût et lutter contre la spéculation, en homologuant les prix des manuels scolaires. Mais, le livre n’est pas encore entièrement made in Cameroon. Si depuis 2018, les politiques publiques, conduites par le gouvernement, ont réussi à faire chuter les prix des manuels scolaires de 15%, il n’en demeure pas moins que cette situation ne profite pas encore aux couches les plus défavorisées que sont les ménages à faibles revenus. La politique de contrôle des prix effectué dans le segment de la distribution profiterait à quelques individus dans l’édition.
Malgré les textes incitatifs en faveur des éditeurs, des pans de la production du manuel scolaire échappent encore au contrôle des nationaux. Le quota de la confection de 75% des livres scolaires concédé aux éditeurs locaux n’est pas respecté. Les instructions du Premier ministre qui prescrivent l’impression de 50% des livres scolaires au niveau du pays sont foulées au pied. Paradoxalement, il s’est développé une pratique mafieuse et lucrat...
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