L e Cameroun court après son passé glorieux dans le secteur de l’automobile. Avant les années 90 marquées par la dévaluation, la détérioration des termes des échanges et la baisse drastique des salaires des agents publics, les Camerounais roulaient carrosse. Certains pouvaient alors se permettre de s’offrir des véhicules neufs. Depuis une trentaine d’années, ce n’est plus possible. Beaucoup d’eau a coulé sous le pont. Le pouvoir d’achat du Camerounais s’est effrité au fil des ans. Et parallèlement, la démographie ne cesse de galoper. L’urbanisation anarchique rajoute à la difficulté de se mouvoir en zone urbaine et en milieu rural. En ville comme en campagne, la mobilité fait partie des premiers postes de dépenses de consommation. Et le recours aux voitures usagées s’est imposé, comme une panacée pour le transport des personnes et des biens. Du fait de son côté pratique et bon marché, le véhicule « congelé » s’est facilement imposé et domine le marché de l’automobile. Malgré, les désagréments et problèmes de pollution, d’embouteillages, de la consommation exagérée de carburant, les difficultés environnementales et de santé… provoqués par ces véhicules d’occasion, usagers, très vieux et dont la durée de vie utile est largement épuisée.
Aujourd’hui, la situation du parc automobile est très préoccupante. Comment « décongeler » le parc automobile camerounais, constitué de près d’un million de véhicules dont l’âge moyen est au-dessus de 25 ans ? Quels leviers le gouvernement devrait-il actionner pour mettre un terme aux importations massives de véhicules d’occasion usagés qui ne cessent d’envahir les rues et ruelles de grandes métropoles (Douala et Yaoundé) et les villes moyennes ainsi que les pistes rurales du pays ? Les données statistiques disponibles récemment rendues publiques révèlent que 30 000 véhicules légers ont été importés par an dans la décennie 2010-2020. Ces importations ne vont pas s’arrêter demain. « Aujourd’hui, nous sommes à près de 30 véhicules pour 1000 habitants contre 600 pour 1000 habitants en Allemagne et 300 pour 1000 habitants en Chine. Le marché camerounais de l’automobile dispose d’un très grand potentiel », analyse notre expert (lire le dossier pages 13 à 17) qui en appelle à la structuration du secteur.
Au regard des enjeux de...
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