Quelle est la situation du numérique au Cameroun et dans la sous-région ?
Dans tous les pays du monde, l’accès au numérique constitue une question d’importance capitale car, elle favorise une croissance du PIB. Les technologies numériques font évoluer l’économie et influent sur le développement grâce également à leur effet multiplicateur sur la création d’emplois, notamment pour les jeunes. En ce qui concerne l’Afrique centrale, celle-ci a connu une augmentation significative de l’utilisation des technologies numériques et de l’accès à Internet au cours des dernières années. Cette croissance rapide, bien qu’elle s’accompagne d’importants défis, offre de nombreuses possibilités économiques, sociales et culturelles. Pour ce qui est du Cameroun, comme vous le savez déjà, le numérique joue un rôle de plus en plus important dans le développement économique et social de notre pays : le Président de la République, Son Excellence Paul Biya, a fait de l’économie numérique, une priorité de son programme, pour l’atteinte de son émergence et nous prescrit à cet effet d’y accorder une plus grande importance. Et dans cette optique, notre pays a réalisé des progrès significatifs dans le domaine du numérique au cours des dernières années. Le gouvernement a mis en place des initiatives visant à promouvoir l’accès à Internet et à réduire le fossé numérique. Cela comprend des investissements dans l’infrastructure de télécommunications (quatre câbles sous-marins d’une capacité de 32To, un backbone filaire estimé à près de 15000 km, une interconnexion sous régionale qui relie près de quatre pays, des boucles optiques urbaines, deux points d’échange internet, plusieurs centre de données, l’extension de la couverture Internet dans les zones rurales, et la promotion de l’utilisation des technologies numériques dans l’éducation et les services publics, pour ne citer que ces exemples.
Quid de leur contribution au développement ?
L’on a noté une contribution de près de 46% du secteur de la téléphonie mobile aux recettes fiscales sur la base des chiffres d’affaires réalisés selon l’observatoire des télécommunications de l’ART (Agence de régulation des télécommunications, Ndlr), ce secteur a créé à ce jour environ 10 000 emplois directs et près de 20 000 emplois indirects. Pour ce qui est de l’impact socioéconomique, on note : une pénétration mobile de 90% de la population, une pénétration internet estimée à 40%, une couverture mobile qui s’étend sur tous les départements du territoire national, un coût d’internet bas comparé aux pays de la sous-région En ce qui concerne la mesure de performance et du classement dans le domaine numérique - Le Cameroun n’est pas en reste. À titre d’exemple : l’indice de développement de l’administration électronique (EGDI) qui mesure l’utilisation des TIC par les gouvernements ainsi que la mise à disposition des utilisateurs, des facilitations et des informations sur les services publics, a une valeur de 0,44 sur une échelle de 0 à 1 dans notre pays. Dans le domaine de la cyber sécurité, le Cameroun a été classé 94e dans le monde selon le National Cyber Security Index, 2021, qui mesure le niveau de développement de chaque pays en matière de cyber sécurité. Cet indicateur montre que le niveau d’accès actuel aux TIC jouit d’un niveau de sécurité acceptable mais évidemment perfectible. C’est dire que le poids du secteur du numérique au Cameroun est non négligeable et offre d’importantes opportunités d’investissement. Il convient cependant de reconnaitre, qu’il reste encore de nombreux enjeux et défis à relever. Le Cameroun, tout comme d’autres pays de la sous-région, est confronté à des défis tels que l’accès inégal à Internet et le besoin de renforcer les compétences numériques de la population. Le fossé numérique, bien qu’en nette régression, persiste, en particulier entre les zones urbaines et rurales, ainsi qu’entre différentes couches de la population. Des efforts sont faits et nous sommes sur le chemin de la transformation digitale de notre société.
De colossaux moyens ont été investis pour de nombreux projets d’interconnexion du numérique tant au plan national que dans la sous-région. Le cas de la pose du South Atlantic Inter Link, câble sous-marin à fibre optique long de 6000 km, entre Kribi et Fortaleza au Brésil pour un coût de 270 milliards de F. Qu’en estil de leur viabilisation ?
Les investissements massifs dans des projets d’interconnexion numérique, tels que la pose du câble sous-marin South Atlantic Inter Link reliant Kribi au Cameroun à Fortaleza au Brésil, sont effectivement des initiatives essentielles pour renforcer l’infrastructure de connectivité numérique et améliorer l’accès à Internet. Le coût élevé de ces projets, reflète l’ampleur de l’effort financier nécessaire pour les mettre en œuvre. S’agissant spécifiquement du South Atlantic Inter Link, des actions sont en cours pour sa viabilisation. C’est ainsi qu’une équipe constituée du Minpostel, du Minrex et de la Camtel s’est rendue dernièrement au Brésil pour finaliser les mécanismes de coopération, de mise en œuvre effective de l’infrastructure, avec la partie brésilienne. Il convient cependant de relever que la viabilisation de ces projets dépend de plusieurs facteurs clés : une utilisation de la capacité offerte par ces câbles sous-marins afin de garantir leur viabilité financière. Cela dépend de la demande croissante en bande passante Internet dans la région, des accords de partage de capacité avec d’autres opérateurs, et de la capacité à attirer des clients locaux, régionaux et internationaux. Une tarification compétitive et pour cela, les tarifs d’utilisation du câble doivent être compétitifs par rapport à d’autres options de connectivité pour encourager les fournisseurs de services Internet et les entreprises à l’utiliser. Des tarifs excessivement élevés pourraient dissuader les utilisateurs potentiels et nuire à la rentabilité du projet. Une gestion efficace de l’infrastructure, de la maintenance et de la sécurité du câble sous-marin qui est essentielle pour assurer une disponibilité continue et une durée de vie utile prolongée. Une collaboration régionale qui implique le fait que les projets d’interconnexion numérique, en particulier les câbles sous-marins, sont souvent des initiatives régionales. Une coopération étroite avec d’autres pays et opérateurs de la région est nécessaire pour maximiser les avantages et réduire les coûts. Le développement d’un écosystème numérique. En effet, la viabilité à long terme des projets numériques dépend également du développement d’un écosystème numérique dynamique, y compris la création d’entreprises technologiques locales, la promotion de l’utilisation d’Internet dans divers secteurs de l’économie et le renforcement des compétences numériques de la population. Le gouvernement est à pied d’œuvre, pour la capitalisation de tous les investissements faits pour une infrastructure résiliente capable de soutenir le développement du numérique.
Quelles sont les stratégies déployées pour améliorer la gouvernance de l’Internet comme moyen de promotion entrepreneuriale et de contribution au développement national ?
L’amélioration de la gouvernance de l’Internet constitue une priorité pour le Cameroun. Une bonne gouvernance Internet permet de promouvoir l’entrepreneuriat, de créer des emplois et par conséquent, de contribuer au développement national. C’...
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