Lors de son adresse à la nation le 31 décembre 2023, le chef de l’Etat, Paul Biya, décrivant la santé de l’économie camerounaise, a confirmé la résilience de celle-ci. En effet, trois ans après la survenue de la pandémie de covid-19, la courbe de croissance du produit intérieur brut (PIB) s’est maintenue hors de la zone rouge (récession), évoluant de 0,5% à 3,9% dans la période sous-revue. Une économie qui, bien que tenace face aux multiples vents défavorables qui jusqu’ici la font plier sans rompre, pourrait bien être assimilé à un « géant aux pieds d’argile ». Et pour cause, son caractère extraverti et sa forte dépendance vis-àvis de l’extérieur. La facture sans cesse croissante des importations (biens et services acquis à l’extérieur) l’illustre bien. Et c’est dans le but de la réduire significativement que le gouvernement a fait de la transformation structurelle de cette économie, l’un des piliers fondamentaux de la Stratégie nationale de développement (SND 30), boussole en termes de politique économique sur la période 2020-2030. L’import substitution est l’une des déclinaisons de cette vision. L’objectif est connu : produire sur le sol camerounais, l’essentiel des biens et services consommés par la population, au lieu de les faire venir de l’étranger à coups de milliards de F. C’est dans cette optique qu’un plan de soutien pour la production locale des biens de grande consommation a été élaboré. Il met un accent particulier sur la production du riz, du maïs, du soja, du mil/ sorgho et du poisson. A cette liste s’est rajouté le blé (deuxième céréale la plus consommée après le maïs), au plus fort du conflit russo-ukrainien, à l’origine du renchérissement du coût de cet intrant pour les industries meunières locales.
2021-2023 : premier bilan triennal
D’après les informations livrées par le ministère de l’Economie, de la Planification et de l’Aménagement du territoire (Minepat), le plan de soutien à la production locale a bénéficié d’un financement de 30 milliards de F dans la loi de finances 2021. Ajouté à cela, les dispositions spécifiques prises aux plans fiscal et douanier pour réduire les coûts de production dans les secteurs prioritaires ciblés, mais aussi renforcer leur compétitivité. Trois ans après l’adoption de la SND30 et le début de l’opérationnalisation de cette stratégie de substitution des importations par des produits locaux, les fruits ne reflètent pas encore la promesse des fleurs. En effet, après avoir régressé de 149 milliards de F entre 2020 et 2021, le déficit commercial a de nouveau progressé (+202 milliards de F) à fin 2022. Toutefois, des évolutions sont perceptibles au niveau de certains produits dont l’offre locale a été relevée. Il s’agit notamment des poissons (+4500 tonnes), des viandes (+12 000 t), du lait (+5 000t) et des œufs (+13 000 t), d’après les données détaillées par le chef du gouvernement fin novembre dernier devant la Représentation nationale. Selon la même source, le gouvernement a injecté 31,4 milliards de F en soutien à la productivité et à la production des filières céréales en 2023. Dans les filières indu...
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