Coopérer ou stagner. Tel est le leitmotiv qui explique l’essor des coopératives à travers le Cameroun à en croire une enquête sur les contraintes et stratégies d’adaptation des mouvements coopératifs dans les hautes terres de l’Ouest. Albert Jiotsa, Timothy Musima Okia et Henri Yambene écrivent en 2015 dans la revue spécialisée de géographie Alpine que le mouvement coopératif au Cameroun en général remonte à la période coloniale. « Ce fut en réalité l’œuvre des Européens, assure le trio de chercheurs. Les premières coopératives furent en effet créées et gérées par ces derniers. C’est le cas des coopératives des planteurs de café d’Arabie créée en 1932 à Foumban et en 1933 à Dschang. Entendues comme étant une méthode d’action par laquelle des personnes ayant des intérêts communs constituent une entreprise, où les droits de chacun à la gestion sont égaux, et où le profit est réparti entre les seuls associés au prorata de leur activité, elles y ont résisté aux vicissitudes économiques jusqu’à l’actuelle UCCAO qui regroupe les coopératives agricoles départementales de toute la région. Les rudes contraintes du milieu avaient déjà habitué les habitants de cette région à s’organiser en groupe au sein des sociétés coopératives afin de porter des projets trop importants comme le commerce international des récoltes pour être réalisés par un individu seul. L’organisation sociotraditionnelle des peuples locaux aidant. Dans la partie sous domination anglaise, les coopératives bâtiront plus tard les premières mini-banques, les microfinances. Un rôle économique prépondérant qui a amené l’Etat à organiser la surveillance et l’appui de ces structures, par un encadrement juridique spécifique. Jusqu’à la crise économique d’il y a trente ans qui a contraint à une certaine libéralisation. La contrainte économique majeure à laquelle les coopératives font face est alors la concurrence suite à la libéralisation du secteur du cacao et du café au début des années 1990. « La plupart de ces coopératives ont eu du mal à s’imposer et à garder la confiance de leur communauté, d’autant plus que certaines multinationales se sont intéressées à leurs affaires », écrivent nos chercheurs.
Aujourd’hui, les coopératives sont organisées en Afrique francophone par l’Acte uniforme de l’Organisation pour ...
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