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« Avec le marché financier, l’épargne et l’investissement s’internationalisent »

Charles Etoundi, analyste financier.

Quelle est la situation du marché financier de la zone CEMAC au moment du déroulement de la deuxième édition des CEMAC Capital Markets ?

Le marché financier régional s’est structuré à la suite de la fusion qui est intervenue entre les deux entités qui s’organisaient au Cameroun et au Gabon. Les organes sont tous en place et les intermédiaires comme les sociétés de bourse se sont arrimés, on en compte à date vingt-trois en activité et plus d’une quarantaine de fonds d’investissement. Cela veut dire que l’organisation du marché est bien en place. Sur son activité, les deux compartiments fonctionnent et sont même passés de la cotation de trois fois par semaine à la cotation quotidienne. Cerise sur le gâteau, depuis le 1er décembre 2023, le marché a son indice, franchissant un pas très important vers sa représentativité au niveau continental ou mondial. Malgré le peu de dynamique sur la cote, le compartiment actions est passé de quatre valeurs à six. Ce n’est pas beaucoup, mais c’est une évolution sur les trois dernières années à comparer avec les dix années qui ont précédé. Cependant, le marché obligataire stagne sur une dizaine de valeurs avec la sortie et l’entrée des titres dans le compartiment qui se renouvelle à peu près tous les cinq ans, sans pour autant progresser en volume.

Quel commentaire ressortir au vu de l’engagement des Etats membres à y lever de plus en plus de financements pour leurs économies ?

Le développement ou l’industrialisation exige des financements non seulement importants en volume, mais aussi, de longue durée. Si les Etats de la CEMAC veulent se développer ou s’industrialiser, on devrait les voir de plus en plus sur le marché. Dans un marché comme celui d’Abidjan ( BRVM) on a près d’une centaine de lignes obligataires, chez-nous c’est une dizaine. Ce n’est pas assez. Le potentiel économique des Etats de la CEMAC et surtout les ressources qui y abondent ont besoin de financement. Pour l’instant, les Etats ne viennent sur le marché que pour stabiliser leur déséquilibre budgétaire et très peu pour de vrais investissements. La construction des usines, des barrages tout comme l’exploitation minière devraient faire l’objet de levées de fonds directement sur les marchés financiers. Ce qui est à déplorer, c’est que l’Etat s’endette pour subventionner une entreprise, qui devrait pourtant faire des résultats et le reverser au Trésor public. Ou encore, que la quote part de l’Etat sur les projets structurants soit encore une pression sur les caisses publiques alors qu’elle peut être levée sur le marché.

Peut-on présenter le marché financier sous régional comme un levier de financement et de développement des entreprises de la CEMAC ?

C’est une évidence, car au-delà de la mobilisation des financements endogènes via les emprunts obligataires et l’actionnariat populaire local qui est nécessaire, l’attractivité économique de la CEMAC peut faire du marché financier, une porte d’entrée des finances étrangères directes. Avec le marché financier, l’épargne et l’investissement s’internationalisent plus facilement, de sorte qu’un investisseur, de n’importe quel pays du monde, à la recherche d’un bon placement, le ferait sur les obligations ou les actions proposées sur le marché régional. Ainsi, les entreprises de la zone connaitront certainement une croissance avec des financements qui affluent.

Qu’est ce qui justifie la réticence ou le peu d’engouement de multiples établissements financiers et entreprises à recourir à ce marché financier ?

Le marché financier est comparable à un hôpital, n’y va que celui qui est malade. Ce qui est surprenant c’est ...

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